jeudi 3 septembre 2015

Je ne voulais que... vivre

Lorsque toute les lumières d'un pays s'éteignent peu à peu, que la noirceur le gagne, alors ses habitants cherchent ailleurs la lumière.

J'ai fait partie de ceux-là.

Sous la menace des bombes et des balles, des couteaux égorgeurs et de la privation de liberté, mes parents ont décidé de fuir.

Pour me mettre à l'abri de la fureur et du bruit, de la noirceur de la nuit.

Rassemblant tous leurs biens pour payer aux passeurs notre billet vers la vie, et leurs dernières forces pour me donner une chance, ils ont laissé derrière eux leur pays, celui de leur enfance, ainsi que leur fratrie, celle qui fit leur bonheur, celle qui les construisit.

Nous avons donc tout laissé, abandonné nos biens, notre terre et nos liens, contre une simple lueur.

Lueur de l'espoir de survivre à la folie et au chaos.

Lueur de l'espoir d'un jour pouvoir revenir, serrer dans nos bras nos frères et nos soeurs.

La traversée sera pourtant écourtée, les flots ayant avalé nos espoirs et nos vies. Embarcation coulée et engloutie, petits corps fracassé, roulé et rejeté. Je ne suis plus.

J'étais dans mon pays la cible d'immondes prédateurs, petite proie désignée dont le sang était destiné à servir de bien noirs desseins.

Pour vous européens, je ne suis rien. Rien d'autre qu'un syrien, graine de terroriste, envahisseur en attente, avide de vos richesses et de vos biens, destructeur de votre culture.

Je ne suis désormais qu'un corps supplémentaire, destiné à remplir une fosse commune.

Je n'étais qu'un enfant, dont les rêves ressemblaient à ceux des vôtres, avide seulement de savoir et de connaissances, d'expériences et d'amour.

Rejeté par les hommes de tous horizons, rejeté par la mer, je suis mort désoeuvré, malaimé et sali.

Je rejoins donc le ciel, après ce court passage sur terre.

Je ne voulais que vivre. Vivre et être aimé.



Ps: j'ai écrit ce petit texte après avoir lu le post d'une vieille rombière sur facebook, post d'une indécence et d'un manque d'empathie terrifiants. J'emmerde cette femme, et tous ceux qui pensent comme elle que les êtres humains qui fuient le danger ne sont que des nuisibles, choisissant la "facilité" (sic) de la fuite pour venir profiter "d'avantages" en Europe plutôt que d'affronter la réalité. Ouais, je vous emmerde copieux, vieille radasse.

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