samedi 2 janvier 2016

Je vote, donc... je vote.


-Dis papa! à quoi ça sert, le vote?

-Le vote, mon garçon, c'est un devoir que nous avons à accomplir pour garder en mémoire les sacrifices faits par nos anciens, car c'est, aussi et surtout, un droit qu'ils ont durement gagné, qui nous permet d'élire une personne à la tête de l'état, ou d'une région, par exemple. On choisit la personne dont on estime qu'elle nous représentera le mieux. C'est ça, la démocratie, c'est nous, le peuple, qui gouvernons.

-Ah bon? Tu veux dire que tout ce qui se passe, là, tous ces ouvriers en colère, c'est ce que vous avez voulu et décidé?

-Euuuh, non, non, pas vraiment. C'est juste que les personnes qu'on a élues n'ont pas respecté ce qu'on leur demandait de faire.

-Ah bon? Mais alors... à quoi ça sert, le vote?

-Je te l'ai dit, déjà! C'est pour être représenté par quelqu'un qu'on apprécie plus que les autres, pour éviter aussi que ceux qu'on n'aime pas du tout arrivent au pouvoir... enfin, voilà, quoi.

-Mais toi, tous les jours, tu cries devant la télé, et t'insultes le président. Alors pourquoi tu l'as élu?

-Je l'ai élu, mais je ne pensais pas qu'il ne nous écouterait pas à ce point, qu'il nous trahirait de la sorte, voilà.

-Ben du coup, ça sert à rien, de voter, non?

-Mais si, tu ne peux pas dire ça.

-Ben papa, si tu votes pour quelqu'un, mais qu'il ne fait jamais ce que tu lui demandes, ça sert à quoi? Si c'est pour qu'il fasse la même chose que ceux que tu ne voulais pas?

-C'est plus compliqué que ça. Tu ne peux pas comprendre, tu es trop jeune, c'est un truc de grand. Tu verras ça quand tu seras plus vieux. On a besoin de représentants, pour diriger le pays.

-Besoin de donner tout plein de pouvoirs à quelqu'un dont on n'est pas sûrs qu'il fera ce pour quoi il a été élu? En plus, le président, j'ai pas l'impression qu'il soit puni, lui, quand il fait mal quelque chose, pas comme moi. C'est un truc de grand de laisser les autres décider pour soi, alors? C'est un peu comme maintenant, quoi, moi je m'en remets à vous, papa et maman. Vous décidez pour moi, parce que je suis pas capable de m'en sortir tout seul. Et donc, quand je serai grand, je ferai pareil, finalement, sauf que je ne vous obéirai plus à vous, mais à ceux pour qui j'irai voter?

-Euh, ben... oui... enfin non...

-En fait, voter, c'est pas tellement un truc de grand, on continue à décider de rien, si je comprends bien. Le président, il nous dit faites votre devoir, venez voter pour moi, et après on lui laisse tout faire et décider, sans jamais demander de comptes, même s'il ne fait pas ce qu'il a promis? C'est pas un peu infantilisant, quand même?

-Bon, tu m'as fatigué avec tes questions. Va donc voir ta mère, tu veux?

-Maman? Ok, je vote pour!

jeudi 10 septembre 2015

SDF français ou réfugiés syriens, mon coeur balance

SDF... sans domicile fixe.
D'ordinaire, ces gens-là (si si, ce sont des gens, dis-donc, paraît même, on vient de le découvrir, que ça parle, que ça a des besoins et des sentiments... dingue, non?), ne soulèvent que mépris et indifférence.
Depuis que l'on nous annonce l'arrivée en masse de réfugiés, le SDF français passionne, jouit d'un élan de compassion virtuelle et fabriquée inédit.
Ceux qui d'ordinaire ne voient en eux que des nuisibles, cassos, inutiles, trouvent désormais une nouvelle utilité à nos pauvres aux nuits étoilées et aux journées dépeuplées: ils sont un alibi parfait.
Lorsqu'on ne veut pas aider des étrangers en situation d'urgence, il semble de bon ton de brandir sa sympathie au SDF français en bouclier, garantie absolue de n'être pas considéré comme un odieux et égoïste xénophobe.
Bien sûr, à aucun moment il n'est réellement demandé de venir en aide aux désoeuvrés (faut pas non plus déconner), fussent-ils bien français, mais seulement, sous peine d'injustice, de ne surtout pas aider des réfugiés en danger.
Les "Sans Déontologie Fixe", sachant se jouer des vents tournants, manient la pornographie concurrentielle avec doigté, accordant le monopole de la pitié (ouais parce que compassion, ça colle pas au message distillé) à ceux pour lesquels ils n'en ont d'ordinaire aucune.
Ils surfent sur la misère, se drapant dans un manteau de bons sentiments acheté au rabais et assez grand pour dissimuler derrière leurs véritables intentions.
Ils repoussent l'étranger pour sauver la France, véritables résistants (si si, je vous jure, c'est ainsi que bon nombre se présentent... tatan tatan, tan tan tan tan, ta tan), garants de notre civilisation et de notre culture (sic).
Pour faire bonne mesure, ils versent quelques larmes (de crocodile) qui, à n'en pas douter, n'irrigueront pas longtemps les caniveaux de nos laissés pour compte.

jeudi 3 septembre 2015

Je ne voulais que... vivre

Lorsque toute les lumières d'un pays s'éteignent peu à peu, que la noirceur le gagne, alors ses habitants cherchent ailleurs la lumière.

J'ai fait partie de ceux-là.

Sous la menace des bombes et des balles, des couteaux égorgeurs et de la privation de liberté, mes parents ont décidé de fuir.

Pour me mettre à l'abri de la fureur et du bruit, de la noirceur de la nuit.

Rassemblant tous leurs biens pour payer aux passeurs notre billet vers la vie, et leurs dernières forces pour me donner une chance, ils ont laissé derrière eux leur pays, celui de leur enfance, ainsi que leur fratrie, celle qui fit leur bonheur, celle qui les construisit.

Nous avons donc tout laissé, abandonné nos biens, notre terre et nos liens, contre une simple lueur.

Lueur de l'espoir de survivre à la folie et au chaos.

Lueur de l'espoir d'un jour pouvoir revenir, serrer dans nos bras nos frères et nos soeurs.

La traversée sera pourtant écourtée, les flots ayant avalé nos espoirs et nos vies. Embarcation coulée et engloutie, petits corps fracassé, roulé et rejeté. Je ne suis plus.

J'étais dans mon pays la cible d'immondes prédateurs, petite proie désignée dont le sang était destiné à servir de bien noirs desseins.

Pour vous européens, je ne suis rien. Rien d'autre qu'un syrien, graine de terroriste, envahisseur en attente, avide de vos richesses et de vos biens, destructeur de votre culture.

Je ne suis désormais qu'un corps supplémentaire, destiné à remplir une fosse commune.

Je n'étais qu'un enfant, dont les rêves ressemblaient à ceux des vôtres, avide seulement de savoir et de connaissances, d'expériences et d'amour.

Rejeté par les hommes de tous horizons, rejeté par la mer, je suis mort désoeuvré, malaimé et sali.

Je rejoins donc le ciel, après ce court passage sur terre.

Je ne voulais que vivre. Vivre et être aimé.



Ps: j'ai écrit ce petit texte après avoir lu le post d'une vieille rombière sur facebook, post d'une indécence et d'un manque d'empathie terrifiants. J'emmerde cette femme, et tous ceux qui pensent comme elle que les êtres humains qui fuient le danger ne sont que des nuisibles, choisissant la "facilité" (sic) de la fuite pour venir profiter "d'avantages" en Europe plutôt que d'affronter la réalité. Ouais, je vous emmerde copieux, vieille radasse.

mercredi 29 avril 2015

Cachez ce Cetro que je ne saurais voir

On me demande parfois pourquoi j'écris, quel a été l'élément déclencheur.
Je ne peux malheureusement répondre "l'enseignement reçu à l'école", ce ne serait pas vrai.
Durant ma scolarité, et j'ignore si cela vaut pour beaucoup de monde autre que moi-même, le programme scolaire de français tel qu'il était appliqué a presque réussi à me dégoûter d'auteurs qu'aujourd'hui j'adore.
Cette manière de décortiquer les classiques phrase par phrase, presque mot par mot pour tenter d'y voir l'intention de l'auteur... honnêtement, les grandes oeuvres méritent mieux que cela, car elles sont belles et porteuses dans leur intégralité.
Les dépecer comme on nous le faisait faire à l'école me rappelait systématiquement la fable de la poule aux oeufs d'or... ce n'est pas en découpant à ce point une oeuvre, en lui ouvrant le ventre qu'on en perçoit la richesse, mais bien en la considérant dans son entièreté, en prenant du recul et en la laissant prendre vie.
à mon sens, la manière dont on étudie ces textes ne leur rend pas hommage et en ôte l'essence.
Certes, chaque phrase de Zola est belle à lire et à entendre... mais elle ne prend tout son sens que parce qu'elle interroge et répond aux suivantes et aux précédentes, pour former un tout jusqu'au point final.
La vision qu'on peut en avoir est forcément tronquée par cette façon de faire.
Donc, vous l'aurez compris, mon goût pour la lecture et l'écriture ne me vient pas du tout du temps où j'usais mes fonds de culotte sur les bancs cirés de l'école.
Non. J'ai, heureusement, des parents qui aiment la lecture. Qui ne s'en passeraient pas. Et qui m'ont communiqué ce goût.
Aussi ai-je commencé assez tôt à me plonger dans la lecture.
Diverses et variées, avec plus ou moins d'envie et de plaisir, mais vraiment un peu de tout, indépendamment du genre et de l'auteur.
Certains ont bien sûr ma préférence, mais là n'est pas la question.
Ma vraie passion pour la lecture, donc, me vient plus de la rencontre avec quelques textes lus passionnément et d'une traite que du hachis décomposé imposé par l'école (et pourtant, dieu sait si j'aime et admire la majorité des auteurs qu'on nous faisait étudier).
Et l'écriture, alors? Nous allons y venir.
La question qui suit, généralement, est: "mais d'où te vient ce pseudo, Cetro?"
On me l'a posée hier encore, et je me suis aperçu que, finalement, je n'y avais jamais réellement répondu.
Ce pseudo me vient d'une époque, pas si lointaine et pourtant si confuse, où je participais, en tant que membre, à divers forums de discussion tournant autour des psittacidés. Je n'aimais guère le côté trop sérieux de certains, et y amenait donc ma touche un peu plus colorée.
N'ayant jamais vraiment fait dans la dentelle ou la demi-mesure, je crois pouvoir dire que chacune de mes interventions appelait réaction.
Les uns trouvaient que j'abusais clairement, les autres n'en avaient jamais assez.
Et voilà d'où m'est venue l'idée de ce pseudo. Cetro... Trop, c'est trop pour certains,
Cetro, ce n'est jamais assez pour d'autres.
Il s'agit, de plus, du simple anagramme de mon nom, Cédric Veto, Cetro Vedic.
Et, pour être totalement franc, je crois que c'est réellement à ce moment là que j'ai fait mes armes dans l'écriture. Oui, oui, en déblatérant moult sottises et conneries, cherchant chaque jour une nouvelle forme d'expression.
Fou ce que je peux être productif quand il s'agit d'écrire des idioties... mais, réellement, je pense que c'est ce qui m'a aidé à trouver un style bien à moi.
Qu'on l'aime, qu'on le déteste, ou bien encore que l'on s'en tamponne le coquillard, là n'est pas non plus la question... ce qui importe au final, c'est qu'il me soit propre.
Voilà, chers amis, l'histoire de l'animal Cetro contée.
La prochaine fois, nous verrons comment appréhender son foutu caractère et maîtriser la répulsion à la vue de son étrange faciès mouahaha.

vendredi 20 mars 2015

Salauds de pauvres

Ce qu'on constate dans la majorité des discours entendus, qu'ils soient politiques ou "entre citoyens", c'est qu'il semblerait plus urgent de lutter contre les pauvres, ces salauds source de tous maux, que contre la pauvreté.

Ben ouais, ils sont responsables du tort qui leur est fait, hein.

Vrai qu'il est plus aisé de cracher vers le bas, il y a moins de risques de retombées qu'en crachant vers le haut, gravité oblige, les plus riches ayant tribune pour se défendre.

Stigmatisons, stigmatisons donc, braves gens, mais prenons garde, la stigmatisation se nourrit d'elle même et nécessite constamment de nouvelles victimes. Peut-être s'en prendra-t-elle à vous, un de ces jours.
Nous, on ne nous clouera pas à une croix, pas de stigmate autre qu'un orifice naturel préexistant qu'on s'ingénie à vouloir élargir à outrance.
Pour ce faire sans heurt, certains manient parfaitement la préparation H, cette pommade qui, sans résoudre l'origine du mal, apaise la douleur et vous empêche de vous tortiller sur vos assises jusqu'à finir, tant la gêne serait importante sans, par vous dresser... mouais.
Parmi les ingrédients indispensables à ce baume, on note la présence du "vous, travailleurs, gens honnêtes et responsables", qui a pour effet secondaire d'endormir la méfiance et de gonfler l'ego, ego qui prend alors toute la place normalement dévolue à la réflexion.
On y trouve aussi du "cassos, fainéants, bons à dalle profiteurs", qui à l'image du sel, est un exhausteur de saveur, pour apprécier mieux encore le premier ingrédient cité.
Le mélange de ces deux principes actifs semble atteindre son but sans trop de souci. Et oui, tout passe, tout glisse.
C'est ainsi, auréolés de notre "bon point" et oignon apaisé, que nous tendons la croupe pour faciliter l'insertion de nouvelles mesures que nous nommerons "Austérité". 
Celle ci rentre d'autant mieux que l'on aura pris soin de mélanger violemment les ingrédients de la pommade anale pour vous en tartiner le fondement. 
Je sais, il est étrange de penser que les idées transitent par là, mais lorsqu'on réfléchit un tantinet à leur contenu profond, elles ne font jamais que retourner à leur origine.
Autant que vous le sachiez, si vous faites partie de ces braves travailleurs honnêtes et responsables, et pour ne surtout pas être assimilés à ces foutus fainéants de pauvres, vous ne pouvez refuser ce qui est bon pour vous, parole de sodomite.

http://www.bastamag.net/Les-pauvres-fraudent-dix-fois

jeudi 26 février 2015

J'ai regardé une vidéo des Enfoirés en odorama

Ouais. Vous avez vu le titre? La classe.
Alors bien sûr, je les vois déjà, tous les dubitatifs sans pour autant être précoces, les suspicieux à défaut d'autre chose.

Ils vont me dire OUIIIII heu, comme d'hab, Cetro, tu racontes n'importe quoi, c'est pas possible, ça n'existe pas encore, les vidéos en odorama, ou c'est en tout cas inaccessible aux simples corniauds de ton acabit.

Mais nomdidju, je vous jure que c'est pourtant la vérité.

Je dois avouer que j'ignorais totalement la nature de cette vidéo avant de cliquer pour en lancer le déroulement.

Lorsqu'elle a débuté, je me suis tout d'abord demandé si mon régime alimentaire tout récent ne me jouait pas des tours, et si l'odeur perçue ne provenait pas bêtement de mon fondement.

Que nenni, il n'en était rien, cela provenait réellement de mon ordinateur, sans équipement particulier.

Par quelle diablerie cela était-il donc possible? Je crois pouvoir dire avec certitude maintenant que le contenu, la teneur de cette vidéo  en était responsable. La voici d'ailleurs.


"Toute la vie" par les enfoirés


A la fois surpris et curieux, j'ai désiré en savoir plus, tenté des réglages supplémentaires. Oui parce qu'il faut vous dire que les fragrances dégagées n'étaient pas de mon goût;

J'aurais préféré menthe, anis, eucalyptus, citronnelle pourquoi pas.

Il est vrai que je suis une quiche (sans lardons, je rappelle que je ne mange plus mes potes les bébêtes), ou une endive plutôt, en matière d'informatique.

Aussi, j'ai eu beau tourner le problème dans tous les sens, la seule senteur disponible, je crois qu'on peut le dire, n'évoquait pas la rose.

Bon, faisons avec, mais pour une première, j'aurais aimé ne pas avoir à me pincer le nez, c'est tout de même ballot.

On peut voir tout d'abord deux clans bien distincts, prêts à se foutre sur la gueule à la moindre incartade. Ils se regardent, se toisent, décidés à en découdre.

D'un côté, y a le clan censé représenter "Les jeunes". Parce qu'il est bien connu que tous les jeunes, en tant qu'entité unique et indissociable, pensent exactement la même chose. C'est que ça doit s'apparenter aux amibes, ces machins là, ça n'a pas de volonté propre ni de pensée individuelle.

Alors ils sont tous là, les jeunes, bien groupés comme un pack de brebis égarées. Pi y gueulent, les salopiauds. Ils reprochent tout un tas de trucs, ces insolents, au clan d'en face: les vieux,

Ouais, vous savez, ces gens respectables qui en ont vraiment chié dans la vie.

Ils se tiennent péniblement face aux revendications de ces foutus jeunes,  échine cassée et courbée par les efforts incessants, mains crevassées et ampoulées à force de ramer.

Pour dire, parmi les représentants des vieux méritants, y a quand même Matt Pocora, Lorie, Jean-baptiste Maunier... oui oui, le ptit gars des choristes, qui doit avoir à tout casser 25 ans... ben il fait partie des vieux, lui... enfin, vous voyez le topo, un panachage de ce qui se fait de plus ardu en matière de forçats de la terre, des gens qui en ont bavé copieux, qui en ont chié grave pour s'élever dans l'échelle sociale et obtenir d'une main de fer tout ce qu'ils ont actuellement.

Et heureusement, car ils ne se laissent pas démonter par ces jeunes hargneux, ils ont des couilles, faut pas croire, ils répondent du tac au tac à toutes les attaques de ces pernicieux rejetons de la société.

Les jeunes leur balancent à la tronche qu'ils sont responsables de l'état de la société qu'ils leur lèguent? Que désormais, il ne plane sur eux que l'ombre de la violence et du chômage?

Pa ni pwoblem, du haut de leur expérience, ils mouchent les morveux en leur disant qu'ils n'ont rien volé, que tout ce qu'ils ont, ils le méritent, et que comparé à l'insolente jeunesse de leurs opposants, ce n'est que broutille. Un peu d'autosatisfaction bien méritée, hein, tout ce qu'ils ont, il leur a fallu le gagner, à la force du poignet... ou d'autres parties de leurs corps, peu importe.

Et, c'est tout de même là le meilleur, putain mais qu'ils sont forts, cette phrase est magique, s'adressant à ces foetus d'humanité: "c'est à vous de jouer, mais il va falloir vous bouger".

Laaaaaa, prends ça dans ta gueule, jeune. Tu t'y attendais pas, hein, t'en as le souffle coupé??? Tu manges méchant, hein, jeune faignasse qui veut pas se bouger le cul, assisté, va.

Et attends, t'as pas tout vu, j'en ai encore sous la pédale.

Les jeunes accusent le coup, bien sûr, c'est la moindre des choses, mais finissent par se remettre. Ouais, c'est ça la mauvaise herbe (hein, qui a parlé d'herbe?), c'est quasiment increvable. Du coup, ils leur assènent un violent "vous avez tout pollué".

Oh putain, avec un coup pareil, là je me suis dit, de l'autre côté, ça va tomber en osselets, descentes d'organes, AVC et infarctus assurés... que nenni, non mais oubliez pas, je vous avais bien dit qu'on avait là la crème de la crème des résistants de la vie, leur résilience semble ne pas avoir de limite.

Et leur réponse est bien à la hauteur des personnages, non mais là, vous allez voir, vous n'allez pas y croire, c'est d'un niveau cosmique.

Donc je rappelle, hein, on leur reproche d'avoir dilapidé les ressources et pollué à outrance (faut dire que les gars sont des Mathusalem... pour certains, en tout cas, il est vrai qu'on aurait l'impression qu'ils étaient là à la création du monde, tant les entendre chanter nous est insupportable... hein? Qui a dit Tal? Non non, moi je n'ai nommé personne).

Eh ben, tenez vous bien, non mais là ils les ont déchiré, ils leur ont répondu:
"Non mais je rêve, tu ne serais pas en train de fumer, toi, jeune? Tu me reproches à moi d'avoir pollué océans et mers, terres et airs, et tu te permets de fumer une clope (avec de l'herbe? Oh oui, j'en suis sûr, espèce de fainéant dépravé) devant moi????

Hahahaha, je vous avais bien avertis, hein, ça dépote sévère, là, non mais oh...

Puis ça continue, les "Djeuns" leur reprochent d'avoir sali les idéologies, ce à quoi il leur est rétorqué qu'ils ont toute la vie. Hein???? Moi pas compris, sorry, désolé... ils ont toute la vie pour quoi? Pour vivre une vie de merde en fermant bien leur gueule, en attendant en tout cas d'être suffisamment âgés (ou aisés?) pour avoir enfin le droit et la légitimité pour la ramener... ben ouais, quoi.

On leur dit, on leur répète, que le plus important c'est d'être jeune, d'avoir le temps, quoi. Et vous savez ce qu'ils rétorquent, ces spermatozoïdes?
Qu'ils les échangeraient bien, leur jeunesse et leur avenir, contre la caisse des vieux... hein... c'est pas un peu con, un jeune, quand même? C'est pas un peu décérébré par la fumette et avide de possessions sans vouloir bouger son gros cul de son canapé, le jeune?

Puis, lorsque la vidéo est (enfin) arrivée à son terme (ouf), j'ai tenté de réfléchir à ce que je venais de voir. En fait, l'opposition, c'était pas tellement les jeunes contre les vieux, non non, je ne crois pas.
C'était les démunis face aux nantis, c'est l'impression que j'ai eue, et j'ai alors compris d'où provenait ces puissants remugles de merde.

Je me suis imaginé ces personnes allant servir les repas aux restos du coeur.
"Ah tu veux bouffer, toi? Mais mon camarade, tu crois qu'on l'a eue comment, cette nourriture, nous? On s'est bougé le fion, espèce de paumé, on s'est pas tourné les pouces à attendre que tout nous tombe rôti dans la gueule. Regarde toi, bon sang, arrête un peu de chialer sur ton sort, et profite de la vie pour t'accomplir, merde! T'as encore pas mal d'années à vivre dans la rue, putain, mais je sais pas moi, tu trouves pas un peu indécent de compter sur notre charité, sur nos largesses???"

Eh oui, j'ai testé pour vous la vidéo en odorama... et je crois pas que je renouvellerai l'expérience... en tout cas, pas tant qu'il n'y aura qu'un parfum disponible.


mardi 24 février 2015

Tu ne mangeras plus de viande

Et voilà, ce qui devait arriver arriva, ma conscience vient de me rattraper.

Bon, faut dire, c'est pas un exploit, elle a pas non plus un niveau olympique, la gourgandine, car je ne cours pas très vite.

D'autant que j'ai toujours considéré la course comme un ultime recours, en cas de danger immédiat... non sans déc, pourquoi courir sinon pour s'échapper?

Et en l'occurrence, je n'ai pas considéré qu'il y avait péril en la demeure.

Suis-je con, nom d'une entrecôte, comme j'allais me mordre les doigts (et ils ont mauvais goût), suite à pareille négligence.

Elle m'a poursuivi de nombreuses années durant, me faisait régulièrement des appels de phare, mais je ne l'écoutais pas, ne me retournais pas sur mon comportement... jusqu'à ce que...

Cela faisait fort longtemps que je m'interrogeais sur le fait de manger de la viande d'animaux, on le sait, pour la plupart élevés dans des conditions lamentables, et mis à mort de manière non moins abominable.

Moi qui me suis toujours dit l'ami des animaux, il n'empêche que je les croustais avec délectation, sans l'ombre d'une hésitation. Sont-ce bien des manières? On ne mange pas ses amis, Cetro, voyons, ça ne se fait vraiment pas...

Disons que depuis ma venue sur terre, j'ai fait de mon ventre la fosse commune de troupeaux entiers de vaches et de moutons, fussent-ils un peu soit folles soit tremblants, rumen, prions ensemble.

Les porcs dans tous leurs états n'ont bien sûr pas échappé à ma gloutonnerie barbaquienne, et c'est ainsi que jambons, saucissons, rôtis et autres pâtés ont fait les beaux jours de mes tablées pour finir invariablement dans les gogues.

Oui, mais voilà, comme je le disais, je viens de découvrir une chose, c'est que l'animal Cetro a finalement une conscience.

A tous ceux qui désireraient me dire "eh ben mon vieux, à 44 ans, il était quand même temps", je répondrai volontiers "probablement avez-vous raison, mais sachez que je vous emmerde, et dieu sait si, en la matière, je suis expérimenté et doué".

Tout de même, je tiens à le préciser pour plus d'honnêteté, j'ai pris soin de mettre ma conscience en sourdine pour les fêtes de fin d'année, je lui ai bien fait fermer sa grande gueule le temps d'engloutir foie gras et chapons. Les bonnes résolutions c'est très bien, mais accompagnées de mets délicats, c'est encore bien mieux.

Il se trouve donc que ma bougresse de conscience ne cesse de grandir en force et en puissance, et que son influence sur moi croît en même temps.

Non contente, la salope, il n'y a pas d'autre mot pour qualifier cette sournoise, de me faire culpabiliser lorsque d'aventure je sors d'un supermarché avec un caddie empli de victuailles et passe devant le pauvre bougre qui fait là la manche, voilà qu'elle s'est mis en tête de me rappeler de manière insidieuse que derrière cette côte ou ce gigot que je m'apprête à bâfrer salement, se cachaient en fait le joyeux Babe gambadant et le mignon et tout doux Boumboum encore tétant, agneau de mon enfance.

C'est une chose de manger un morceau de viande, c'en est une toute autre lorsqu'on pose dessus une identité.

Seul face à mon entrecôte Jeannette et mon rôti Rémi, bouffi de remords et de culpabilité, je ne trouvais plus moyen que de verser quelques larmes là où, avant l'arrivée de cette garce, je déversais des litres de salive pour faciliter l'ingestion de mes amis en kit.

Moi qui, jusqu'à présent, ai ingéré à peu près tout ce qui a du poil et qui marche sur cette terre (pas de plaisanteries salaces, je vous prie, l'heure n'est pas à la grivoiserie) , voilà que mes convictions s'effondrent.

Ma conscience s'est ingéniée à me faire voir ce que jusque là je me refusais à voir, comme un gros lâche hypocrite que je suis.

Merde, ne me dis pas que ce qui se trouve dans mon assiette à l'état de tranches était il y a encore deux jours seulement le joli Bambi, veau magnifique aux yeux doux et aussi tendres que sa viande??? Ben si mon connaud, et tu le savais pertinemment.

Je le connaissais, le tiot, il se laissait gentiment grattouiller la tête, me donnait volontiers un coup de langue amical.

Et moi, pour le remercier, je charge indirectement des gars de le transformer en haché, de le rendre méconnaissable pour m'autoriser un repas aussi coupable que décomplexé?
Nomdidju... mais c'est horrible!!!

Et ce joli petit corps nageant tranquillement dans son plat et sa sauce à la moutarde, tu me dis qu'il s'agirait de Panpan, petit lapin adorable que j'ai pris tant de plaisir à caresser lui aussi?
Continue à faire l'innocent, corniaud!

C'en est trop pour mon âme de midinette, je ne peux persister dans cette voie.

Voilà donc pourquoi moi, viandard invétéré, idole des bouchers, cauchemar des étables, terreur des porcheries, Francis Heaulmes des basse cours, j'ai décidé de ne plus jamais boulotter d'animaux élevés dans des conditions exécrables.

Cela fait une semaine que j'ai arrêté, et je me demande si les symptômes dont je suis victime sont bien normaux.
Je ne fais plus de rêves traditionnels, peuplés de personnes et de situations étranges, non.

Mes songes sont tapissés de saucissons et pâtés, de boudins (ça ça pouvait arriver avant, tout de même) et andouilles (bon, ça aussi, parfois, voire souvent tant j'en ai fréquenté), d'entrecôtes et rôtis.

Le sevrage est difficile, et pour commencer en douceur, je me suis collé une entrecôte en patch sous chaque bras. Outre le côté peu pratique et économique de la chose, il faut avouer qu'il y a mieux comme déodorant. Puis les auréoles sanguinolentes sous les bras de chemise, faut avouer que c'est pas la méga classe.

J'ai bien essayé aussi la Eviande, sorte de substitut électronique censé amenuiser mes pulsions sanguinaires... il n'en fut rien.

Donc, pour me faire aider, je me suis inscrit aux VA (viandards anonymes).
Je ne voudrais en aucun cas faire de mauvais esprit, mais j'ai tout de même quelques doutes sur le bien fondé des séances... toutefois je persiste, pour le bien de mes amis laineux et à plumes.

Vous savez, lors de ces sessions, on se présente, devant tout le monde, et on dit ce qui nous amène ici.
"Bonjour, je suis Cetro, j'ai beaucoup mangé de viande. Je suis tombé dedans très tôt, dès que j'ai eu des dents. Cela fait une semaine que je n'ai pas touché la moindre parcelle de protéines animales"
"On t'aime, Cetro"
Ouais, ben m'aimez pas de trop près, car je suis d'humeur bouchère.

J'ai décidé d'arrêter les séances lorsque j'ai commencé à percevoir mes camarades comme de juteux bouts de barbaque. Je l'imaginais, la ginette, avec une broche allant de sa barbe au cul (vrai origine du mot barbecue, paraît-il), en train de tourner gaiement au dessus des braises ardentes.

Merde, saliver sur ses camarades, ça ne se fait pas plus, Cetro.

Je n'exclue pas, un jour ou l'autre, de manger un élu du FN ou bien un Jihadiste, histoire de me dégoûter à tout jamais de ce goût immodéré pour la carne.

En attendant, je regarde les moutons et les vaches autour de chez moi, gambadant et paissant paisiblement dans les prairies environnantes... Jamais je n'en avais vu autant... me demande s'ils se foutraient pas de ma gueule, les petits enfoirés.

mardi 17 février 2015

Dernier né

Mon tout nouveau, tout beau roman.
Toujours avec ce style particulier qui fait que jamais je n'arrive à classer mes écrits dans une case précise et établie. Un peu comme moi, en fait. Inclassable (moi c'est juste que je suis trop volumineux pour entrer dans une case).
Version numérique de "L'élue" dispo en suivant ce lien:http://www.amazon.fr/Lélue-Aux-origines…/…/ref=sr_1_10…
Version papier dispo en suivent ce lien: http://www.amazon.fr/Lélue-Aux-origines-…/…/ref=sr_1_9…
Et, pour un aperçu général de ce que j'ai écrit jusqu'alors, cette page:http://www.amazon.fr/s/ref=dp_byline_sr_book_1

Au passage, le site auteur que m'a généreusement concocté, sous la menace de mon énorme et agressif poing, mon dévoué frangin: http://ecto220.wix.com/cetro

dimanche 11 janvier 2015

"Il est où, Babar?"

Lorsque je n'existais pas encore ne serait-ce qu'à l'état de songe dans l'esprit de mes parents, ces derniers vécurent quelques temps dans une région aux accents mâtinés de Teuton et à la gastronomie aussi nourrissante qu'addictive, j'ai bien nommé l'Alsace.

Accompagnés de mes deux frères, ils furent très bien accueillis par une population joviale, et passèrent là-bas des moments inoubliables.

Des meilleurs... aux pires.

Au rang de ces derniers, ce jour d'horreur pure où mon frère sombra dans l'extrémisme le plus barbare (ou babar, allez savoir).

Mes parents le nommaient tendrement Babar, non en raison d'oreilles ou d'une trompe hypertrophiées, ou encore d'une corpulence proche du mastodonte, mais rapport à son doudou à l'effigie du célèbre éléphant télévisé.

Jamais il ne quittait ce pachyderme en peluche, assurance de nuits tranquilles, pour lui et l'entourage.

Pourquoi donc un jour, personne ne le saura, le garnement décida-t-il, guidé par quelle force obscure, de balancer Babar dans la rivière proche???

Ce que mes parents jugèrent au départ comme un incident mineur, allait tourner bien vite à la catastrophe majeure.

Privé de son compagnon de chaque instant, mon frère se mit à brailler plus fort que le tonnerre.

Il répétait sans cesse une inquiétante litanie, qui deviendrait rapidement synonyme d'angoisse.

"Il est où Babar, il est où Babar", inlassablement nuit et jour, l'enfant ne dormait plus, pas plus que le village.
Le son les poursuivait jusque dans leurs demeures, la complainte leur déchirait les tympans et le coeur.
 Les seuls moments de calme ne duraient jamais plus de quelques minutes, jusqu'à ce que quelqu'un prononçât le nom interdit: Babar.
La colère repartait alors, plus forte et plus violente.

Le traumatisme fut tel qu'à la seule évocation du nom de l'éléphant, les habitants tremblent de nos jours encore.

Il fut donc établi que plus jamais personne ne devait prononcer ou bien représenter par un dessin quelconque cet être de fiction, sous peine de subir les foudres d'un gamin en fureur, suivi par tous les autres auxquels il faisait peur.
La censure était telle que l'on finit par redouter de penser en mal à Babar, ne serait-ce que par mégarde.

Cette histoire prit fin lorsque mon frère, haï et détesté par l'Alsace et la Lorraine, comprit qu'il lui était préférable de vivre en harmonie avec son prochain plutôt que le faire chier avec ses propres lubies.
On retrouva Babar, dégueulasse et sali, par la boue du torrent et la mauvaise presse qu'injustement, car n'étant pas de son fait, on lui avait faite.

Morale de cette histoire?
On peut aimer quelque chose et le placer par dessus tout.
Mais si d'aventure on le salit soi-même par une mauvaise action, inutile de mener la vie dure à ceux qui s'en étonnent et désirent simplement en discuter et s'exprimer sur le sujet, d'une manière ou d'une autre.




mardi 11 novembre 2014

Je me nommais Terre

Je suis née voilà maintenant si longtemps. Environ 4.5 milliards d'années (je ne donnerai pas la date exacte, par pure coquetterie, hihi), c'est tout de même honorable.

Et pourtant... et pourtant... je ne suis plus respectée.

Au début, tout se passait pour le mieux. Jeune et vigoureuse, mon système immunitaire fonctionnait à merveille.
La faune et la flore qui peuplait la surface de mon enveloppe assuraient un parfait entretien de mon corps de jeune fille.

Oh, j'ai toujours eu un léger embonpoint, mais ce sont bien mes rondeurs qui ont fait de moi cette dame si convoitée.

Et puis... et puis... voilà quelques petits millions d'années, j'ai contracté un virus.
Insignifiant au départ. Il agissait comme le reste de mes cellules, sans déborder de son rôle, ni empiéter sur celui des autres.

Je ne m'en suis pas préoccupée, encore moins méfiée. Que pouvait bien me faire ce miasme, à part vivre sa vie sans chercher à me nuire?

Quelle erreur de ma part, quelle faute de jugement.
Si j'avais pu jauger dès le départ la dangerosité de ce virus, il m'aurait suffi d'en exterminer les prémices, de lancer sur lui toutes mes défenses immunitaires.

Seulement, voilà... j'ai négligemment laissé libre cours à sa terrible expansion et il est maintenant trop tard.

Je suis tombée malade, et le mal n'a de cesse de s'étendre, toujours et encore.
J'ai de la fièvre, chaque jour ma température augmente, sans arriver à étouffer le microbe.

J'ai 4,5 milliards d'années, et je me meurs. De toute ma beauté, de toute ma puissance, je ne peux plus lutter. Il n'existe aucun traitement, je suis contaminée.

On pourra dire bientôt elle se nommait Terre, et souffrait d'Humanité.

samedi 8 novembre 2014

J'étais aujourd'hui en dédicaces.

Eh oui. Il fallait bien s'y attendre, mon pauvre ami Cetro.

Suite au succès aussi retentissant qu'assourdissant de cette première séance de dédicaces génératrice d'un chiffre d'affaire au delà du raisonnable, tu aurais bien dû te douter que tu serais à nouveau sollicité.
Ce qui fut fait. Ben ouais, tiens, pareille manne, personne ne crache dessus, hein.
Aujourd'hui, sachez le, le PIB vient de connaître un pic jamais atteint.

Oui, aujourd'hui, la littérature s'est étroitement mêlée et accouplée aux mathématiques pour générer ce qu'il serait juste de nommer le big bang monétaire, rejeton illégitime de cette débauche de dépenses en livres (et pourtant en euros) et de l'intérêt abusif pour ma propre personne.
Tant et si bien qu'un moment, j'ai craint pour ma sécurité.

L'hystérie générale provoquée par ma seule présence a quelque peu malmené ma modestie naturelle et bousculé les habitudes de ce cher magasin, j'ai nommé le centre culturel Leclerc de Lesparre.

Cette petite ville a vu, le temps d'une dédicace, sa population multipliée exponentiellement au fil des heures, prolifération virale responsable de la fièvre acheteuse et mettant un terme momentané à sa circulation automobile.
Ce n'était plus alors un simple centre, mais bel et bien l'épicentre de la culture et de l'économie.
Ouiiii, les pages se sont tournées, et la bourse a vibré.

Les gens étaient si nombreux que le mot foule n'y est pas adapté... il s'agissait d'une véritable nuée, d'un essaim constitué de soldats mus par une seule et même volonté: me rencontrer, poser enfin ses yeux sur celui que déjà ils considéraient comme un demi dieu (certes depuis, ils se sont rendus compte de leur regrettable erreur... pourquoi donc me réduire de moitié, que diable?), toucher enfin du doigt le fruit de mon travail.

Les files d'attente étaient si longues qu'il m'a fallu recourir à l'emploi de jumelles à fort grossissement pour tenter d'en percevoir le bout.
Les malheureux employés dudit magasin ont été contraints à l'utilisation de mobylettes pour les contourner, et continuer à oeuvrer au sein de leur entreprise.
Leur unique mais harassant travail consistait à approvisionner ma table en livres de mon cru pour assouvir l'appétit féroce de mes nombreux et dévoués fans.
Ainsi que, bien évidemment, à acheminer les tonneaux d'encre noire servant à tremper ma plume surchauffée.

Je garderai toutefois un petit pincement au coeur en repensant à cette journée de légende.
Mamie n'est point venue, cette fois-ci.
Je doute pourtant qu'elle ai gardé une dent contre moi, puisqu'à la suite de notre première rencontre, elle n'en avait plus une.
Alors que s'est-il donc passé? Je ne saurai le dire.
Peut-être mon insistance à lui inculquer les bienfaits d'une hygiène buccale irréprochable l'aura-t-elle incitée à la fermer à tout jamais.

M'enfin voilà, pour résumer le tout, j'étais aujourd'hui en dédicaces.

mardi 21 octobre 2014

J'aurais voulu être un...optimiste.

Optimiste, l'être vraiment.
Bon sang, on dirait une tare.
Quand j'étais môme, je voyais toujours les choses sous leur meilleur angle. Je trouvais toujours à une situation donnée un bon côté.
-J'ai eu de la chance de tomber dans ce  tas de purin, sans ça j'aurais pu me faire mal.
-Je suis très heureux de m'être pété les dents en tombant de vélo sinon j'aurais eu à goûter la cuisine de tata Bouline.
-Tata Bouline a toujours vu le verre à moitié vide et Tonton François à moitié plein. Pour moi, le verre était à moitié plein, et tonton toujours assez à jeun pour être aimable avec moi.

Fin, vous voyez l'esprit, quoi. Moi ça m'allait bien, comme point de vue.
Oui mais voilà. Soyez naïfs et enjoués, la vie et les gens se chargeront de vous couper vos foutues petites ailes qui agacent.
C'est vrai quoi, merde, c'est pas permis de se réjouir de tout, systématiquement.
"Tu verras, quand tu seras grand, tu comprendras, ta vision sur le monde et les choses changera."
Gloups. Ils m'ont tellement seriné et asséné cette phrase que j'en ai conçu une phobie: celle de grandir.
Je pensais qu'arrivé à l'âge adulte, le ciel me tomberait sur la tête, et que plus jamais, je ne verrai les choses de manière optimiste. Vrai de vrai, ça me faisait flipper de ressembler à papi Mollo qui aimait rien et que tout faisait clairement chier.
Je voulais donc rester un môme, à l'esprit ouvert sur tout. Quelque part, j'ai certainement réussi, avec un âge mental proche de cinq ans.
Vous allez me dire, t'es pas le seul, t'as un exemple bien connu à suivre, le fameux Peter Pan.
Ouais. Sauf que me concernant, le collant vert moulant, c'est quand même pas mon délire, et en dépit de tout mon optimisme débordant, je n'y vois aucun avantage.

Alors ouais, c'est vrai, la vie s'est quand même chargée d'écorner mon entrain enfantin.

Arrivé à l'âge où un adolescent porte sa meilleure console de jeu dans son caleçon, curieux de découvrir ce qu'avait à m'offrir l'autre sexe, est tombé le tout début de l'épidémie de sida.
Ne faites surtout pas l'amour, ou vous en crèverez, nous disait-on avec bienveillance. Re gloups.
Bon sang, y a quand même mieux comme entrée en matière. Moi qui avais toujours imaginé "la chose" sous un angle aussi excitant que romantique, faire l'amour devenait un truc dégueulasse pourvoyeur de mort.

Vous avouerez que ça freine les ardeurs des plus optimistes, hein?
Heureusement, le "préserve hâtif" m'évita bien des problèmes dans ma précipitation à goûter aux plaisirs interdits et désormais dangereux avec la petite Marjorie, qu'un rien habillait et qui, il faut bien le dire, se déshabillait pour un rien aussi.
Comme disait mamie Bérengère, "Couvrez vous les enfants, la viande sous cellophane est de loin meilleure pour la santé que les surgelés Courjault". Comprenne qui pourra, personnellement, je cherche toujours.

Puis bien sûr sont venus les "desiderata" en matière de devenir et d'avenir.
-Que rêves-tu de devenir, mon garçon, quand tu seras un homme, un vrai...
-Ben... heureux, déjà... non?
-Joue pas au con avec nous. Réponds un truc qu'est dans la liste des MPF.
-hein, c'est quoi ça, MPF?
-Toi tu vas baisser d'un ton, minot. MPF, pour métiers "parents friendly". Un métier qui foutra pas une crise cardiaque à ton père et un avc à ta mère, tiens.

Là, donc, vous avez compris hein, valait mieux être vachement terre à terre.
Avocat, médecin, dentiste, vétérinaire, c'était bien, Plombier chauffagiste, menuisier, ébéniste, ... tout ça était super aussi. C'était dans la liste.
Mais, si dans un coin de ta tête, tu avais dans l'idée de devenir un... un... un quoi au juste, hein?

-Tu veux exercer un métier artistique???? écrivain, peintre, sculpteur, ou pire, musicien, peu importe, c'est du pareil au même tout ça. Des saltimbanques, quoi. Des va nu pieds, des parasites.
Mais mon pauvre garçon, c'est pas comme ça que tu t'en sortiras dans la vie.
-Euh je sais pas, j'ai l'impression que certains ont bien fait d'insister dans cette voie là, quand même, sinon nos salles de concerts, musées, cinémas et autres bibliothèques seraient ma foi... vides. Le monde serait triste, sans ça... non???
-Oh, je t'ai déjà dit de moins la ramener, ok? Tu vas pas nous apprendre la vie, non? Alors, tu vas me faire ton choix dans la liste que je t'ai présentée, et au moins, là, tu auras un bagage, de quoi construire une vie. Puis t'auras droit au chômage, si tu galères un peu, hein?
-Ouais, mais sinon, pour le côté "heureux", vous avez pas un truc?
-Oh c'est une obsession, ma parole. ces jeunes, je vous jure.

Voilà. Dur de rester rêveur, entreprenant et optimiste, non?
J'ai donc cédé. Je suis devenu vieux à 18 ans à peu près. J'ai fermé la porte aux rêves.
Mais ça y est, j'ai retrouvé l'étincelle, fontaine de jouvence. Envie d'écrire... et, plus que d'en vivre, de vivre mon écriture..
Certains pensent et me hurlent que j'ai un véritable style, bien affirmé et assumé. Spécial et particulier, certes, mais comme le bonhomme quoi.
Donc, bingo, tente donc tonton, tente donc.
Utopie? Peut-être, mais désormais, c'est décidé, retour aux sources, mon verre sera toujours à moitié plein. Voyez?

vendredi 17 octobre 2014

Je communique... donc je suis.

Lorsque j'ai commencé à émettre le désir de publier ce que j'écris, j'avais en tête les quelques rares exemples d'auteurs auto édités ayant connu le succès quasi immédiatement après la mise en ligne de leur "oeuvre".
C'est donc tout naturellement que ma pomme et moi-même nous sommes dit, d'un commun accord, "bingo, voilà qu'est-ce qu'y faut qu'je fais". Bon je précise, ma pomme a un petit côté Ribéry et a donc une conception bien particulière du français, chose que le moi essaie et tend à corriger.
Ainsi, mon premier livre, à peine terminé, a-t-il trouvé bien vite place sur l'étal numérique d'un marchand en ligne connaissant une belle exposition médiatique. J'ai nommé le fameux et si décrié Amazon qui, s'il est hautement diabolisé, a au moins eu la décence de ne pas me fixer d'un oeil torve et dubitatif lorsque je lui présentai mon livre. C'est un gros bonnet, ce mister Amazon, mais finalement, il est relativement sympa avec les auteurs inconnus.
C'était donc fait. Je me trouvais, moi, en vente en ligne aux côtés des monstres littéraires, à la merci des hordes de lecteurs avides de découvrir les nouveautés... enfin, les miennes, hein.
Bon. C'est ici que l'affaire se corse. Car que croyez vous qu'il advint de mes écrits adorés? Ben disons que s'ils sont effectivement bien en vente... ils ne sont pour autant pas vendus... à quelques lettres près, c'était le succès rêvé, dommage hein?
Merde, diantre, foutre, que se passe-t-il donc, on m'aurait donc trompé...me serai-je menti?
Que ne fais-je correctement?
J'ai lu, lu, relu, rerelu mes ouvrages. Tout me paraît correct. J'ai craint un moment avoir publié par mégarde la liste des courses de Mamie, mais non.
Hélas, trois fois hélas, s'il y a une donnée sur laquelle je ne m'étais nullement penché, c'est bien celle qui suit: communication, marketing.
Mais bon sang, mais c'est bien sûr. Avant de prétendre vendre quoi que ce soit à mes futurs (et chers... si si, vous verrez, je vous aimerai) lecteurs, il me fallait songer à me vendre MOI.
Ouais oh, les esprits mal placés, je vous vois venir. Mais non, il ne s'agit pas d'embrasser une carrière tardive d'arpentage de trottoirs, court vêtu et haut chaussé, en proposant des tarifs compétitifs. Non!
D'une part car mon côté réaliste me donne à penser que personne ne débourserait un centime pour acheter ce que j'aurais à offrir dans ce domaine. Puis d'autre part, merde, vendre mon fondement, je l'ai déjà amplement assez fait en votant socialiste.
Donc, revenons à nos moutons. La donnée fondamentale pour espérer se faire connaître, avant même de songer à être aimé, est bien la communication. Car sans cela, tu n'es RIEN, mon pauvre Cetro.
RIEN, tu m'entends? Tu n'as aucune existence pour le commun des lecteurs. Ben ouais, ça t'écorche la gueule de le dire ainsi, mais c'est la réalité. La règle c'est "je communique, donc je suis".

-Ca y est, t'imprimes là, gros couillon vaniteux?
-Euh oui, mais quand même... moi je veux pas être aimé pour ce que je suis, mais pour ce que j'écris.
-Si les gens ne savent pas QUI tu es, pourquoi voudrais-tu qu'ils s'intéressent à ce que tu grattes sur le papier. Pour eux, en l'état, ce ne sont que graffitis et tâches d'encre. Tant qu'ils n'en sauront pas davantage sur toi, tes mots ne resteront que des mots, sans âme ni vécu.
Eh oui. Prise de conscience douloureuse, va falloir te sortir les doigts du derche, mon pauvre Cetro, te faire installer le "tout à l'ego" fissa, et parler de toi... ou de ta pomme, si tu préfères.
-Euh, moi je veux bien... mais je suis pas convaincu que les gens soient prêts et préparés à...ça.
-Tu verras, les gens sont tolérants, au final. Il n'en sont plus à... ça près.

Je vais donc tenter de suivre les conseils aimablement dispensés par Jean-Philippe Touzeau, Sébastien Cerise, mon fournisseur d'accès à l'ego, etc (liste non exhaustive) pour tenter de me défaire de cet importun, encombrant et paralysant anonymat.
Voilà le pourquoi de ce Blog. Ce petit machin où l'on est censés balancer en vrac nos humeurs du jour, nous faire voir et valoir.
Nombril, c'est pas juste un trou, Cetro, c'est bien par là que tu as été nourri lorsque tu vivais encore chez ta mère... enfin, dans ta mère. Rends donc hommage à cette partie cachée de ton anatomie, fais en le centre du monde. Bon sang, s'qui faut pas faire, quand même...
Rendez vous est donc pris pour plus tard, futurs lecteurs, lorsqu'enfin, vous saurez qui je suis... vraiment.

lundi 29 septembre 2014

Les contes marron aux éditions Les Artistes Fous Associés

Voilà un moment déjà que je voulais écrire un petit mot à l'attention des éditions des Artistes Fous.
Autant vous dire que, d'entrée de jeu, leur nom m'a attiré et plu. Je crois bien que ce sont des malades, tarés, fêlés, fadas.... raaaaa, que j'aime ça.
J'ai donc décidé de commander une de leurs publications, et ai porté mon choix sur un petit livre pas cher, pour commencer, et dont le titre me parlait : Les contes marron.
Mouahaha, rien que cela me fait rire. Ok, je suis bon public, mais j'assume.
Si je n'ai guère dépassé, dans mon évolution, le stade sadique anal, j'affirme fièrement parfaitement contrôler mes sphincters. Si si, je vous assure, je suis un étrange animal, mais propre. Ouais enfin, relativement, quoi.
Et, si je suis ultra paresseux de nature, il se trouve toutefois que j'ai été doté par mère nature, décidément farceuse, d'une tripe travailleuse, à la limite du stakhanovisme.
Aussi les gogues constituent-elles pour moi un terrain d'occupation régulière, bi-quotidienne au bas mot.
Activité hautement chronophage pour une personne que tout ou presque fait clairement chier (si si), il me fallait trouver moyen d'occuper dignement ces instants d'intense repli sur moi-même.
D'autant plus que, plissé comme il l'était, il me fallut me rendre à l'évidence: mon oeil de bronze souffrait bien d'un déficit de vue. Quoi de plus naturel donc que de lui offrir le plus régulièrement et longuement possible une lunette adaptée?
Ce dernier se plongeait à loisir (et se plonge toujours, le vaniteux) dans une observation contemplative et narcissique de son reflet dans l'eau que rien n'aurait su troubler, en dehors des réguliers ploufs et vaguelettes résultant de l'hyperactivité de mes maudits intestins.
Alors, il est clair que si mon froncé y a toujours trouvé satisfaction, autant vous dire que de mon côté, je commençais sérieusement... à me faire chier. Ben oui...
C'est donc ainsi que je décidai de me constituer une petite bibliothèque de divertissement à l'intérieur même de mes divins WC.
J'avoue, un peu honteux, que certains des premiers livres qui la constituèrent finirent prestement amputés de quelques feuilles, mais c'était là certainement le meilleur usage à en faire.
Oh, je vous vois venir... ne me demandez pas de citer ici titres et noms d'auteur, seuls mon fondement et moi même serons dans le secret.
Ouais, donc voilà, vous comprendrez plus aisément, maintenant, que les histoires de merde, ben c'est ma came.
 Alors, soyons clairs, je ne fais pas allusion à la qualité des nouvelles constituant ce joli petit bouquin mignon, non non, du tout, bien au contraire. Juste que le sujet principal de ce livre... ben c'est la merde, ou plus généralement, les excrétions organiques dans toutes leurs manifestations.
Pour prendre les choses par leur commencement, j'ai donc reçu ma tant attendue bible du caca, commandée sur le site des éditions des artistes fous (clic ici), pour la modique somme de cinq euros tout rond, sans aucun frais de port.
Le livre m'est arrivé assez rapidement, enveloppé de papier craft. Lorsque j'ai ouvert mon petit paquet, une autre couche de papier protégeait le livre... de papier cul celle-ci. Mouahaha, j'adore ces gens, jusqu'au boutistes dans le délire.
On reste donc bien dans le thème, et ce n'est ma foi pas pour me déplaire, d'autant qu'ils n'ont tout de même pas poussé le vice jusqu'à utiliser du PQ usagé. Je le précise, j'ai conservé l'emballage, et l'ai utilisé comme il se doit... rien ne se perd.
Fort satisfait de mon colis, j'ai filé direct aux gogues, histoire de l'essayer quoi.
Et nous voilà donc dans le vif du sujet.
J'ai lu au rythme d'une nouvelle à chaque dépôt de bilan. Il est vrai que pour le coup, je suis parfois resté plus que de raison sur la lunette du cyclope.
Et je me suis régalé, bien marré, pour être honnête. Le style est bon, pour tous les auteurs de ce petit recueil, et le sujet, traité chaque fois de manière originale et inventive, m'a fait me bidonner.                 En voilà donc un qui ne risque pas de finir à la place de mon rouleau de PQ, non que je trouve le papier trop rêche pour mon royal fessier, mais je pense simplement ce dernier trop inculte pour que je songe un instant lui sacrifier de si jolis écrits.
Je ne manquerai pas de ressortir régulièrement ce petit ouvrage lors de mes pérégrinations intestinales, soyez en convaincu.
C'était une première me concernant, ce ne sera pas la dernière, je commanderai à nouveau chez ces foutus Artistes Fous.            

                                                                             

jeudi 25 septembre 2014

Extraits de éveil

Eveil est un livre auquel je tiens particulièrement. Pourquoi? Difficile à dire, mais disons que j'ai écrit cet ouvrage en quinze jours, et qu'il s'est imposé à moi plus que je n'ai décidé de l'écrire.
Cela faisait longtemps déjà que je râlais et pestais (ouais, ça je le fais souvent, c'est même une seconde nature, chez moi) sur ce constat alarmant (mais qui au fond n'alarme peut-être que moi): les images ont pris un poids colossal dans notre vie.
Au point que certains ne vivent plus que dans l'espoir d'être vu, quoi que puisse impliquer en terme d'agissements cette quête. Les vidéos fleurissent sur le net, de plus en plus violentes, cruelles, avec pour but ultime de toucher un maximum de personnes. Peu importe que vous soyez perçu comme un monstre, du moment que vous êtes "vu".
J'ai donc, dans ce livre, imaginé et poussé à l'extrême ce que pourrait engendrer pareil phénomène en terme d'horreurs et de destruction des valeurs fondamentales qui font de nous des humains.
Adieu compassion, bonjour cruauté de divertissement.

Extraits:


"La porte d'entrée de la grande maison s'ouvrit soudain, et une jeune femme apparut.
D'une grande beauté, elle devait avoir la vingtaine. Une grande brune, aux longs cheveux lisses et au teint hâlé. Elle portait un short très court et un débardeur échancré, aucun des deux ne montrant la plus petite volonté de masquer la moindre partie de cette plastique avantageuse. Elle traversa la grande allée pavée en chaloupant comme un jour de forte houle, montée sur des talons de quinze centimètres qui galbaient de manière admirable ses longues jambes pleines. Elle balançait son derrière comme on harangue les foules, attirant indubitablement l'attention sur cette partie divine de son anatomie.
Sa généreuse poitrine, libre de tout carcan, ballottait d'une danse hypnotique dont les regards captés ne pouvaient plus se libérer. Les deux hommes imaginaient volontiers transformer ce fabuleux bonnet C ou D en bonnet à deux mains.
Le temps semblait s'être ralenti, suivant le rythme langoureux de ces hanches sublimes.
Paolo et Tom en restaient bouche bée, yeux vitreux et verge turgescente.
La femme ouvrit péniblement le grand portail rouillé.

Elle s'avança vers eux, papillonnant de ses interminables cils. Elle tendit la main, qu'ils serrèrent distraitement, les yeux perdus entre tétons dardés et cuisses veloutées."








"Jacquot raccrocha. Sacré Gabriel. Il se démerdait bien, il avait toujours des cadeaux fantastiques de la part de ses parents. Sympas d'ailleurs, ces gens, ils l'avaient toujours bien accueilli.
Pas comme ses vaches de vieux. Gabriel disait toujours que leur famille était recomposée et que ce fait avait toujours été source de bonheur pour eux tous. Lui disait que sa famille était décomposée, constituée de vraies charognes, de membres tous plus atteints les uns que les autres, pas tout à fait finis, démoulés un peu trop tôt.
Chez les Déolard, on était assez loin de l'image idyllique de la famille parfaite. Chatons et chant de canari étaient ici remplacés par morpions et gueulantes d'ahuris.
Son grand frère et cousin, Malandrin Déolard, de cinq ans son aîné, un sadique débile, vraiment dégénéré. Fruit d'une union consanguine, ses traits immondes et son esprit dérangé hurlaient à la face du monde les dangers potentiels de pareille pratique. Il ne pensait qu'à triturer ce qu'il avait entre les jambes, et portait sur ses vêtements les traces de ces rencontres intimes entre sa main et son sexe. Véritable obsédé, chien en rut perpétuel, il se frottait partout, marquait son territoire.

Sa mère, qui était aussi sa tante, Régine Déolard, née Déolard, une petite femme folle concentrant sur sa personne ce qui se faisait de plus laid et vulgaire, nymphomane parfois, dormant le reste du temps. D'une fainéantise monstre, le seul domaine où elle ne ménageait pas sa peine était son âge, n'hésitant pas du tout à faire vingt ans de plus que le sien.
Elle avait l'allure d'un monolithe, les épaules et le dos larges, elle ne s'affinait pas du tout au niveau de la taille. Son derrière était plat, ses cuisses vides et maigres, mais trouvaient le moyen de pendouiller tout de même. Régine arborait sans complexe, sur des mollets noueux, des tatouages tribaux faits de varices et d'ulcères.
Elle avait la peau flasque, rêche comme du papier verre, faite de plis et de poches, à rendre jaloux Bourru. Les mamelles, pendantes comme des bouillottes vides, tutoyant un vilain nombril d'une profondeur peu commune, portaient d'humbles tétons timides préférant compter les pas plutôt que croiser les regards. Elle se fardait à grands coups de truelle, avec un goût certain pour les teintes criardes. L'épaisseur du maquillage était telle qu'au moins, lors des soirées d'été, elle remplaçait avantageusement les papiers tue-mouche pour piéger les moustiques et les papillons de nuit. Surnomée Baygon jaune par son époux et frère, rapport à sa poisseur et à sa peau cirrhosée.

Son père, Gérogneau Déolard, ivrogne invétéré, poilu comme une tarentule portugaise, obsédé par le cul, obnubilé par les gains. Gras et adipeux, laid et affreux, il avait vraiment ce qu'il est coutumier d'appeler une sale gueule. Ses sourcils d'une épaisseur et noirceur incroyables, joints au-dessus de ses yeux porcins comme une bande velcro grand format, lui donnaient un air sévère et méchant. Pour tout dire, en la matière, il connaissait la chanson aussi.
Il les avait souvent cognés, quelques fois abusés, mais toujours indifférés."  




Eveil est disponible à la vente sur amazon, en suivant ces liens:

mardi 23 septembre 2014

Qui est Cetro?

Né dans le médoc, dans le sud-ouest de la France, du croisement hasardeux entre une espagnole hystérique et un breton hargneux.
De cette union contre nature, devait forcément naître un être hybride étrange, instable par nature.
Ne vous étonnez donc pas du changement de style et d'ambiance si d'aventure vous lisiez à la suite l'un de ses romans jeunesse et l'un de ses thrillers.
Dans son médoc natal, il partage son terrier avec divers animaux, qui lui sont plus semblables que vous autres, femmes et hommes.




Je vous vois venir. Vous vous demandez ce que peut venir foutre la photo d'oisillons sur la présentation de l'animal Cetro. Eh bien c'est simple. Je vous assure que vous préférez voir cela plutôt que son horrible trogne. Si si.




De nature acariâtre, inadapté social chronique, le bougre a du mal à trouver une vraie place dans la société, une place qui en tous cas lui convienne...peut être d'ailleurs n'en existe-t-il pas pour cette espèce là...à lui de se créer sa propre niche donc, ou d'amener sa touche personnelle à une niche existante.Animal étrange, de moeurs plutôt nocturnes, peu enclin à la discussion orale...pour la simple et bonne raison qu'il ne dispose que d'un langage très rudimentaire, et d'une élocution pour le moins aléatoire, faisant ressembler son phrasé à un gloubiboulga sonore, inaudible pour le commun des mortels.L'écouter étant un calvaire, il vaudra mieux le lire. Tel un bègue oubliant son handicap en chantant, Cetro trouve dans l'écriture un moyen d'expression dans lequel il est nettement plus à l'aise, et dans tous les cas, plus compréhensible.Il appréciera à n'en pas douter le fait d'être lu. Se livrer et s'exhiber sans se montrer, voilà bien ce qui le motive.Une exhibition pudique donc,pour mettre à nu ses drôles de pensées, et non son étrange physique.Le voir est le fuir, le lire est l'adopter.

lundi 22 septembre 2014

Extrait du roman Sam

Salut. Moi c'est Sam. J'ai à peu près 10 ans... je crois.
Faut dire qu'on ne m'a jamais réellement souhaité mes anniversaires, et ma date de naissance, ben, personne n'est foutu de me la donner.
Je fais une estimation, au nombre de cicatrices que je porte. Comme un arbre portant les cercles de ses années. J'imagine une moyenne de cinquante bonnes raclées par an, quand j'arrive à me faire discret. Au vu des cinq cents et quelques marques de ceinturon, chaîne de vélo ou tronçonneuse, matraque, brûlures en tout genre... le compte doit être bon.
Je suis une plaie, pas que je sois insupportable, non, juste une immense plaie refermée, succession de maltraitances.
Je n'ai pas connu mon père. J'aurais tendance à dire tant mieux. Sinon la moyenne annuelle de châtiments corporels aurait franchi un autre cap... ou bien ne serais-je plus là.
Quand je dis que je n'ai pas connu mon géniteur, j'ai cependant approché des centaines d'hommes, tous à même de pouvoir prétendre au titre.
Car voyez-vous, ma mère, Clémentine, est une prostituée. Une de celles qui fournissent leurs services contre cinq à dix euros. Même pas de quoi être poli avec d'ailleurs.
C'est une pute. Dans tout ce que peut regrouper ce mot en terme d'image et de comportement.
Une pute parce qu'elle en a fait son métier. Pas qu'elle soit bien belle, ni même un peu sexy.
Enfin je sais pas, c'est ma mère en même temps, puis je suis jeune.
Mais imaginer faire des choses avec une femme dans son genre me foutrait des nausées, franchement.
Ça me paraît contre nature, comme se faire plaisir avec un animal, ou un truc comme ça. Brrrrr.
Elle leur suce les bourses ou les hémorroïdes pour quelques euros, en fonction de leurs «goûts»... euh, ne vous méprenez pas, comprenez bien par ce mot là «les préférences de ses clients», et non la saveur de la partie léchée.
Pour dix euros, elle leur fait la totale. Sans aucune protection la plupart du temps.
C'est bien comme ça qu'on est tous nés, mes frères et sœurs et moi même.
Aucun acte d'amour dans notre conception, n'y pensez surtout pas.
Entre deux caisses de harengs saur. D'une giclée de semence avariée dans cette sale truie.
Autant dire qu'elle est une illustration vivante des maladies vénériennes dans leur intégralité, une encyclopédie médicale à elle seule.
Elle qui n'a jamais dépassé la 6ème, pas mal non?
Elle en comporte certaines que je soupçonne même de n'avoir pas encore été étudiées ni découvertes.
Si chaque MST était sanctionnée d'un diplôme, ma vieille ferait passer Einstein pour un analphabète.
Je crois bien que si les militaires avaient vent de son existence, ils pourraient avoir des idées glauques quant à l'utilisation à faire d'elle, dans un pays en guerre.
Parachutée au bon endroit, elle ferait des ravages dans les rangs ennemis.
Clémentine... tu parles d'un joli nom doux et sucré pour cet affreux fruit aigre.
Mandarine aurait sûrement été mieux choisi, puisque aucun homme ne peut espérer la butiner sans récolter des pépins.
Elle n'en a sûrement plus pour très longtemps d'ailleurs.
Elle suinte par tous les orifices, a des chancres qui la rongent avec gourmandise, c'est franchement pas très beau à voir.
Mais ça n'a pas l'air de rebuter les hommes qui viennent la voir.
C'est pas cher donc on consomme. La vieille a compris ça. Elle pratique le Hard discount à outrance. Du cul à pas cher, Clémentine écrase les prix... mais faut pas chercher la qualité non plus. Elle étale ses attributs au rabais, sauf que là, c'est pas du made in china, y a que du local, production du terroir.
Elle est donc une pute. Une vraie. Avec nous aussi, et surtout.
Elle nous a toujours traités comme de la merde. Quoique j'ai jamais eu l'impression qu'elle en voulait à la merde.
Heureusement, la majorité de ma fratrie est née pourrie de maladies.
Heureusement je dis, car la mort est toujours préférable à ce qu'on vit ici.
Ils n'ont pas tenu bien longtemps. Ceux qui n'étaient pas mort-nés périssaient d'avoir à téter ces seins malsains, ce lait véhiculant, non pas une amorce de système immunitaire fort et sain, mais plus de germes et de bacilles que n'en pourraient supporter les plus solides charognards.
Je l'ai même vue se faire prendre avec un de mes frères accroché aux nibards. Il a fini par être expulsé par les coups de boutoir assénés à ma mère par ce gros porc bouffi, et s'est écrasé au sol comme un melon trop mûr.
Tant mieux pour lui. Il n'aura pas à vivre cette vie-là.
En dépit de tout ça, on est trois à avoir survécu quelques années.
Mon frère, Barney (moi je l'appelle néné) 9 ans à peu près... ben ouais, chez nous les années c'est toujours de l'à peu près. Il a les cheveux bruns, les yeux d'un étonnant violet et un sourire éternel, qui jamais ne le quitte. Même quand ça va mal... et ça va pas souvent bien.
Il a le sida, ne verra probablement pas sa dixième année, enfin, une année supplémentaire quoi. Il est gentil et volontaire, on fait ce qu'on peut ensemble pour s'en sortir. Dire qu'un garçon de 9 ans est gentil peut vous paraître superflu. Mais croyez-moi, rien ne prédestine qui que ce soit à la bonté lorsqu'on pousse dans notre milieu. C'est même un miracle, j'ose dire, néné est un ange envoyé du ciel pour éprouver sa nature. C'est mon ange.
Ma sœur Virginie, 7 ans. Vous savez ce que je vais dire... approximativement, bien sûr.
Elle a échappé aux maladies, comme moi. En dépit de l'immense cicatrice qui lui barre le visage, elle est super jolie, mignonne comme tout. Ses cheveux sont d'un très joli roux, et sa peau blanche comporte, sur un petit nez mutin, d'adorables taches de rousseur. Elle est craquante. Elle on se doute à peu près de qui doit être son père, la vieille a pas des milliards de clients roux. Même si depuis qu'il fréquente maman, ses taches de rousseurs ont disparu au profit de gros chancres.
On fait ce qu'on peut avec néné pour rapporter à manger à ninie. Pas facile, surtout que Barney commence à faiblir, je le sens bien.
Virginie, qu'on appelle ninie (je sais ninie, néné, j'ai pas été chercher très loin) , a bien failli mourir le jour où notre mère lui a flanqué un coup de pied de biche en pleine gueule. Parce qu'elle faisait trop de bruit et déconcentrait un client, un habitué qui la choyait. Il lui filait quinze euros de la passe, imaginez un peu la manne. Pretty woman était colère ce jour-là, son Richard Gere l'emmènerait pas faire les boutiques.
Ninie avait dans les trois ans à l'époque, et je crois que c'est la première fois de ma vie que j'ai pleuré autant.
J'en ai régulièrement pris ma part, plus souvent qu'à mon tour même. On s'endurcit à la longue. Mais voir ma petite Ninie dans cet état là, bon sang, ça m'a complètement bouleversé.
On s'en est occupé, avec mon ptit Barney. Lui ne se plaint jamais. Il souffre, physiquement et moralement, mais il garde tout pour lui. Ce sont d'ailleurs les seules choses qu'il ne partage pas. Toutes ses trouvailles en victuailles ou vêtements, il les répartit équitablement. Enfin, il en donne toujours plus à Ninie, parce que c'est sa ptite chérie. On l'aime notre Virginie.
On a réussi à la sauver, notre petite sœur. Punaise, on n'en était pas peu fiers.
Depuis, on travaille en équipe, pour survivre et manger. Pas la peine de compter sur la vieille radasse vérolée, elle ne nous donne jamais rien.
La seule chose dont elle ne soit pas avare, ce sont ses coups de sabot dans les mandibules, qu'elle nous dispense sans compter. Modération et parcimonie, ce ne sont pas des amies à ma mère.
Heureusement, on a une bonne combine avec Barney, un endroit où on trouve de quoi bouffer à foison. Mais faut faire attention. Et très vite.
Y a un supermarché, pas loin. Chaque jour, ils balancent des quintaux de nourriture. Indécent.
Ils ont un énorme broyeur dans l'arrière-cour, mais ne le lancent qu'une fois par jour, en début de soirée. Ils entassent tout dedans en attendant la fin de journée. Tout ce qui ne peut plus être vendu, mais que nous on peut manger... oh oui.
Y a des dates limites disent-ils, mais nous le seul chiffre qui nous intéresse, c'est combien de jours on peut rester sans bouffer.
On récupère des fruits et légumes à peu près frais, un peu abîmés, mais on s'en fout. Y a de la viande en pagaille, des fois elle est un peu bleue, pas grave. Y a même des plats préparés et tout. On se fait de bons gueuletons certains jours... quand on arrive à passer.
On se faufile avec Barney. C'est tout clôturé partout. Z'ont peur qu'on leur vole leurs déchets les enfoirés.
Si on se fait choper, ils nous passent à tabac sévère.
Une fois, ils ont failli nous tuer et nous balancer dans le broyeur.
C'est une femme qui a pris notre défense et les a empêchés de nous trucider.
On a ramassé quand même. Pas des aliments, mais une branlée carabinée.
Quand ils en ont fini avec nous, ils nous ont jetés dans un fossé recueillant les eaux usées, plus loin.
Pendant trois jours, on a pas pu bouger. Obligés de boire cette eau putride. Autant à manger qu'à boire là dedans. N'importe qui aurait péri d'avoir à ingérer quelques gouttes de ce liquide nauséabond.
Mais nous, faut pas oublier qu'on s'est développés dans la pire matrice qui soit, l'animal le plus infecté du monde, un vrai bouillon de culture, la Clémentine. Quand on sort vainqueur de pareille grossesse, on peut tout supporter... enfin presque.
On habite une cabane en planches, sur le port. La toiture est faite pour moitié de vieilles tôles rouillées, pour l'autre de bâches plastique trouées. Eau courante, douche/wc, chauffage... oubliez. Rien que nous là-dessous. On s'en contente. Vous me direz, pas trop le choix non plus.
On y est revenus, rampants, inquiets pour notre Ninie. Peur qu'elle soit morte de faim, ou tabassée par notre douce mère aimante.
Mais non, elle avait survécu. Elle avait repéré un jardin habité par trois chiens bien gras. Leurs gamelles étaient toujours bondées de croquettes et d'eau fraîche.
Elle nous a dit qu'elle préférait les jours où leur était servie de la pâtée, que c'était plus facile à manger.
Putain, les chiens sont mieux traités que nous. Ils ont des maîtres qui s'en occupent, ceux-là.
Et notre vieille pendant ce temps-là? Elle ne s'était aperçue de rien. On aurait aussi bien pu ne jamais revenir, pour elle, aucune différence.
Imaginez donc, on doit représenter quelques minutes de ses pensées quotidiennes, quand elle exhorte ses clients à faire gaffe de pas venir dedans, sinon elle devra se coltiner des chiards de plus, et la grossesse et l'allaitement abîmeront ce corps, désirable et désiré, fait pour l'amour.
Je sais pas si elle y croit vraiment... à force de voir les lubriques économes lui baver dessus, peut-être, au fond. Sacrée Julia Roberts.

Ce roman, relatant l'histoire de trois jeunes enfant livrés à eux mêmes et confrontés à un monde toujours prêt à les rejeter, comporte en version papier 650 pages.
La version numérique est en vente sur ce lien:
Ebook Sam

Pour l'édition papier, c'est ici que cela se passe:
Livre physique

Séance de dédicaces





Chronique d'un succès annoncé.
L'heure du bilan est venue. Comme mes centaines de milliers de fans le savent, j'étais aujourd'hui en dédicace au centre culturel Leclerc de Lesparre, plaque tournante mondiale de la culture.
Commençons par la fin. Lorsque, larme à l'oeil et morve au nez, je me dirigeais vers la sortie, cette chère Martine m'intercepta pour s'enquérir des chiffres astronomiques atteints en une simple journée. Soucieux de ménager ma modestie naturelle, ainsi que d'éviter la jalousie et les complots visant à me délester de mes immenses biens (vous savez comment sont les pauvres, hein), j'éludai bien sûr la question. Et puis, pour être tout à fait honnête avec vous, je maîtrise moi même assez mal les puissances d'exposants 10.
Soit. Revoyons nos ambitions comptables à la baisse pour la prochaine fois, jamais plus nous n'atteindrons la stratosphère ici tutoyée.
Je me levai donc ce matin à 4h30, avec pour ambition affichée d'échauffer mon poignet qui serait, à n'en pas douter, surexposé à l'effort toute la journée durant. Je vous ferai grâce des détails et de la nature de cet entraînement spécifique à cette partie hautement sollicitée de mon anatomie.
10h00, fin prêt, je me dirige comme un seul homme (même si certaines mauvaises langues diront bien volontiers que j'en ferais plutôt deux) vers ce haut lieu culturel.
Je suis accueilli à bras ouverts et poings fermés par Martine, qui me préconise gentiment de poser mon cul sur cette minuscule chaise destinée à accueillir mon majestueux prose et de surtout bien fermer ma gueule.
Devant tant de bienveillance affichée, je ne puis que m'incliner. Je m'assois donc, débordant d'espoir... et de ma chaise.
L'attente commence ainsi. Je ne dirais pas qu'elle fut fructueuse, tout au moins fut-elle... patiente.
Lorsqu'enfin, n'ayant plus qu'un ongle intact une dame ayant certainement dépassé la date limite de consommation s'aventure sur les terres de mon imagination, je sors ma plus belle plume, prêt à l'éblouir de ma plus belle prose.
Elle se penche vers moi, mamelle posée sur la table, me gratifiant de tout l'éclat de sa dent, et me glisse chaleureusement (sensuellement oserais-je dire... la gourgandine avait su garder au fil des années la totalité de ses atouts féminins, même s'ils avaient, certes, outrancièrement subi les effets de la gravité ) à l'oreille un "casse toi pauv'con" empreint d'une certaine animosité et emprunté à l'autre agité du plafond. 
Madame, je ne vous permets pas, le vouvoiement est de rigueur, nous n'avons pas glandulé les bastancouilles ensemble, que je susse. A ce dernier mot, ma mie (et non mamie... je ne me permettrais pas) me fait comprendre avec une volonté farouche que ma présence l'importune, à grands renforts de "enculé, petite pédale, ta race, ta mère en tongs au prisunic de la bourboule, et autre amabilités visant à flatter mon égo (liste non exhaustive).
Alors voyez vous, la coquine avait certes la dent dure... pas assez cependant pour résister à ma détermination à lui faire comprendre mon point de vue. J'entreprends, à l'aide d'une encyclopédie médico dentaire judicieusement placée derrière moi (je soupçonne Martine d'avoir prémédité ce coup-là) de lui exprimer tout mon désaccord en lui vrillant les mandibules par le poids du savoir. J'insiste bien sur les gencives, de bas en haut, c'est marqué page 512. A noter que pour le coup, la voici ramenée à l'ordre des édentés, à l'instar de ses cousins pangolins.
Mâchoire pétée et plancher orbital fracassé, mamie (ah ben si, j'ose) repart, moral et nichons en berne.
Et moi de reprendre mon attente. 
Pour ne surtout pas risquer le dédicace-elbow, je décide en accord avec moi-même de m'octroyer une pause. 
J'ai alors tout loisir d'observer les allées et venues de la clientèle littéraire de ce magasin.
Force m'est de constater une fois de plus, que ces dames lisent beaucoup, beaucoup plus que ces messieurs.
Oui, mais que lisent-elles donc le plus?
Presque face à ma table, c'est un va-et-vient (le terme peut paraître choisi pour la suite, mais il n'en est rien, je ne suis pas ainsi) constant. Un rayon littéraire en particulier attire cette gent féminine avide de s'instruire.
Quelle peut donc être la teneur de ces ouvrages qui semblent mettre en émoi ces hordes en jupons?
Il me faut enquêter. Je me déplace donc de quelques pas. Et, oh stupeur, ce rayon est celui de la littérature érotique ( même si pour être très très honnête, je doute de la véracité d'au moins l'un de ces deux termes).
Ah je vois, c'est donc ça, ces dames s'encanaillent pendant que moi, je me débats avec les invendus (pardon mamie).
Il me faut percer le secret de ces livres, je n'ose dire ouvrages, qui semblent fasciner les femmes dans leur immense majorité.
Qu'y a-t-il donc dans ces romans qui ne figure point dans mes romans jeunesse... bon, en l'énonçant, un début de réponse me taraude. Mais quand même, ça ne peut être QUE ça? Pas vous, mesdames, vous ne devenez pas ce que vous nous reprochiez si ardemment d'être???
Je pioche donc au hasard 4 ou 5 bouquins de ce rayon, et entreprends d'en consulter le 4eme de couverture.
L'espace d'un instant, je crains m'être fourvoyé dans le choix des livres, il me semble lire un seul et même résumé , un unique "pitch". Chaque fois que j'entame la lecture de l'un d'eux, la musique de "amour, gloire et beauté" vient me vriller les tympans. D'où me vient cette nausée.
Je retourne les livres pour en voir le titre, eh bien non, je ne me suis pas trompé, ce sont bien des livres distincts... mais vraiment pas différents.
C'est amusant comme dans ce type de litt... litté... littér... bon merde j'arrive pas à le dire. Quoi qu'il en soit, dans ce genre de bouquins, les anastasia, sandy, christian (surtout bien prononcer le "n" final, sinon c'est moins sexy) et steven semblent se partager à eux seuls les parts du gâteau. J'ignore, en pourcentage, ce que représentent ces prénoms sur la totalité de ceux qui existent dans la réalité... dans les romans érotiques, c'est du 100%. Cunégonde et Marcel, allez bien vous faire foutre, vous n'aurez pas droit à vos instants de gloire lubrique.
Il existe d'autres constantes: l'héroïne est toujours un peu perdue, au début. Elle sait pas trop où elle en est de sa vie. Jusqu'à ce que bien sûr, elle rencontre son steven ou son christian. Autre chose à préciser, ces derniers sont forcément milliardaires. Oui oui, milliardaires, ça marche mieux on dirait, les simples millionnaires n'ont pas droit au chapitre.
Mais c'est quoi ce bordel, nomdidju? Est-ce à dire que ces garces de anastasia et sandy auraient un penchant avoué pour les grosses...fortunes???
Et vous, mesdames que cela émoustille, nous avoueriez vous votre vénalité naurelle? Allons, soyons sérieux.
Certes, je comprends aisément que le beau Christian milliardaire en magnifique costar 3 pièces vous fasse plus fantasmer que Jacquot le clodo tout de taches et de vomi vêtu.
Alors soit, continuons donc, osons lire quelques pages... je veux comprendre moi. Puis si au passage, je peux en choper une mi-molle, ben allons y gaiement.
Je lis quelques pages, vite fait... oui, c'est un peu l'avantage, ça se lit vite fait, c'est quand même déjà bien digéré.
Puis on arrive au premier passage, celui qui nous a fait prendre ce livre là quoi, avouons le, celui où Christian en veut pour son argent, et dieu sait si en la matière, il a de quoi faire. Christian a une grosse verVe, et il compte bien s'en servir.
Il attrape donc son anastasia ou sa sandy dans toutes les positions, ils s'engluent mutuellement de leurs sécrétions intimes...tous deux beuglèrent bien, et eurent de nombreux orgasmes... fin vous voyez quoi. Gros pugilat sexuel.
Alors, pour ceux qui seraient inquiets de voir apparaître si tôt pareilles démonstrations de force, rassurez vous de suite. L'auteur aura pris un soin tout particulier à vous y préparer, en commettant un carnage littéraire dès la première phrase. En la matière, la boucherie continue tout du long, inlassablement.
J'avoue qu'aucune scène ne m'a fait palpiter le caleçon, mon intimité est restée coite, aucun signe de vie, électro-phallusogramme plat . Je me souviens d'avoir été plus excité en regardant le club dorothée, pour dire.
Sur ce, en conclusion, une chose est certaine, vous ne m'aurez plus centre culturel Leclerc et perfide Martine. La prochaine fois, j'installe ma table en plein milieu du rayon litté... littér ... eh merde érotique. Ces dames devront me passer dessus pour accéder à leur st graal. Elles n'y trouveront aucun plaisir, mais au moins pour moi, ce sera agréable... juste pour faire chier ces enculés de milliardaires Christian et Steven.